
En France, le 8 mai n’a pas toujours été un jour sans école ni travail. Sa place dans le calendrier a souvent changé, au gré des décisions politiques et des périodes de l’histoire. À certaines époques, ce jour a même disparu du calendrier des jours fériés.
Ce va-et-vient illustre la manière dont la mémoire collective s’adapte, voire se heurte, aux choix des gouvernements. Pour comprendre ce qui a motivé ces changements, il faut revenir sur l’histoire de cette date et sur le rôle des jours fériés dans la transmission des souvenirs.
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Le 8 mai 1945 : une date clé pour la paix en Europe
Le 8 mai 1945, l’Allemagne nazie capitule et la Seconde Guerre mondiale touche enfin à sa fin en Europe. À Paris, la foule s’empare des Champs-Élysées, les cloches des églises se répondent, tandis qu’à Berlin la signature de l’acte de reddition se fait dans une ville dévastée. Le soulagement est immense, mais la gravité des pertes et des fractures saute aux yeux : l’Europe sort meurtrie, défigurée, mais enfin libérée.
Ce jour signe la victoire des Alliés sur la barbarie nazie et ouvre une page nouvelle. Les grandes capitales, de Londres à Moscou, marquent la cessation des combats ; la France retrouve la voix qu’on avait voulu lui retirer. D’année en année, le 8 mai est devenu bien plus qu’une simple date à retenir : il structure la mémoire de la Seconde Guerre mondiale, symbolise la paix retrouvée, la reconstruction, et l’ambition de bâtir collectivement un avenir européen pacifié.
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Voici comment ce moment a marqué les esprits :
- À Paris, la foule célèbre avec ferveur la liberté retrouvée.
- À Berlin, la cérémonie de capitulation s’inscrit dans un décor de ruines, reflet brutal du prix payé.
- Pour la France et l’Europe, le 8 mai s’impose comme un jalon incontournable dans l’histoire collective.
Le 8 mai 1945 ne se limite pas à un simple point final d’un conflit : il a contribué à repenser l’avenir du continent, à semer les graines de la coopération et de la réconciliation. La commémoration annuelle ne consiste donc pas seulement à honorer une victoire mais à rappeler, année après année, la difficulté de préserver la paix et la nécessité de garder vivante la mémoire partagée.
Pourquoi ce jour a-t-il été choisi comme jour férié en France ?
La décision de faire du 8 mai un jour férié ne relève pas du hasard. Dès la Libération, inscrire cette date dans le calendrier français s’impose comme une évidence. Il s’agit de marquer, noir sur blanc, la libération du pays, de donner à la victoire sur l’Allemagne nazie un ancrage fort dans la vie collective. Le 8 mai 1945, jour de l’armistice en Europe, s’invite naturellement dans la liste des dates à retenir : il met un terme net à la frénésie meurtrière du conflit.
Parce que la France valorise ses journées symboliques, le gouvernement veut que cette date bénéficie d’une reconnaissance à la hauteur de l’événement. À la différence du 11 novembre, le 8 mai rappelle une victoire sur un régime totalitaire, autant militaire qu’idéologique. La commémoration se décline alors dans tout le pays, des cérémonies officielles aux hommages locaux, pour mieux ancrer ce souvenir dans la conscience nationale.
Quelques raisons ont guidé ce choix durable :
- Le 8 mai s’ajoute aux dates-clés qui jalonnent l’histoire contemporaine de la France.
- Le fait d’en faire un jour férié traduit la volonté de lui accorder un statut à part, différent des commémorations plus discrètes.
Derrière cette célébration, il y a aussi la volonté politique d’affirmer la capacité du pays à se relever, à rassembler autour de valeurs partagées, à transmettre un héritage commun. Les débats n’ont pas manqué, mais cette date s’est progressivement installée comme l’un des piliers de la mémoire nationale.
Quand et pourquoi le 8 mai n’a-t-il plus toujours été un jour férié ?
Le 8 mai n’a pas constamment figuré parmi les jours chômés. Son statut a oscillé au gré des réformes, des changements de cap politiques et des priorités économiques. Après la guerre, l’idée de célébrer la victoire s’est parfois heurtée à un calendrier déjà dense, entre fêtes religieuses et journées civiles.
Adopté comme jour férié en 1946, le 8 mai voit son statut remis en question dès les années 1960. Face à la pression de la modernisation et pour stimuler la productivité, la France décide de revoir sa liste de jours chômés, à l’image d’autres pays européens qui n’accordent pas au 8 mai ce statut particulier. Le Royaume-Uni, par exemple, privilégie des fêtes nationales à date variable ou liées à des événements religieux, comme Pâques ou la Pentecôte.
Il faut attendre 1981 et l’élection de François Mitterrand pour que le 8 mai redevienne officiellement un jour férié. Depuis, la question resurgit régulièrement, certains suggérant de s’aligner sur les habitudes de travail européennes, d’autres insistant sur la nécessité de respecter le devoir de mémoire propre à la France. Le maintien du caractère férié du 8 mai reflète ainsi les tensions entre mémoire collective et impératifs économiques.
Se souvenir ensemble : l’importance de célébrer et de comprendre notre histoire
Commémorer le 8 mai ne relève pas d’un simple rituel dans le calendrier. Cette date incarne un moment de convergence entre mémoire et transmission. Chaque année, le pays se souvient de la victoire sur l’Allemagne nazie et du prix payé pour la paix. Le choix d’en faire un événement national, loin d’être neutre, inscrit la France dans la lignée de ses grandes fêtes commémoratives, résistantes aux changements de calendrier.
La force du souvenir réside dans le fait de se rassembler. Participer à une cérémonie, croiser le regard d’un ancien combattant, respecter la minute de silence : ces gestes créent un lien vivant entre le passé et le présent. Ce fil, qui se tisse à travers les multiples commémorations européennes, relie le 8 mai à d’autres dates où la paix a dû s’arracher à l’histoire.
Voici ce que la célébration du 8 mai permet de raviver :
- Commémorer une victoire, tout en rappelant la fragilité du vivre-ensemble.
- Se confronter au passé pour mieux éclairer les choix à venir.
- Prendre le temps d’interroger, et non de répéter, les leçons tirées des deux guerres mondiales.
En préservant cette date, la France s’offre un espace de partage où le récit national s’alimente de la mémoire collective. Les discussions sur la place du 8 mai dans le calendrier ne font qu’attester de l’enjeu : savoir si la société saura, demain encore, faire vivre ses commémorations sans les laisser s’effacer.