
En France, seulement 30 % des entreprises sont créées par des femmes, selon l’INSEE. Les dispositifs d’accompagnement restent majoritairement calibrés pour les profils masculins et traditionnels. Pourtant, certains parcours bousculent ces cadres et remettent en question les modèles dominants.
Annabel Fam a fondé plusieurs sociétés à forte croissance tout en s’imposant dans des secteurs réputés fermés à la diversité. Son parcours illustre le renouvellement des approches entrepreneuriales et la capacité d’adaptation face à des normes persistantes.
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Plan de l'article
Annabel Fam, une figure montante de l’entrepreneuriat au féminin
Au fil des conversations à Paris, le nom d’Annabel Fam revient de plus en plus souvent chez ceux qui scrutent l’évolution du business porté par des femmes. Son parcours professionnel témoigne de la variété des ambitions et des trajectoires qui émergent chez une génération d’entrepreneures décidées à sortir des schémas préétablis. Dans un univers encore marqué par des codes anciens, elle trace sa propre route, puisant à la fois dans l’expérience locale et dans les réussites venues d’ailleurs.
Des exemples comme Julia Bijaoui, cofondatrice de Frichti, ou Noélie Balez, qui a co-créé Pampa, illustrent l’impact de programmes structurants. La Ligne Droite, lancée par She’s Mercedes France, en est l’un des pivots. Ce programme de mentorat, où Julia Bijaoui a épaulé Noélie Balez, a permis de transmettre compétences et savoir-faire au sein d’un réseau féminin qui s’élargit chaque année. Annabel Fam partage cet esprit, mais revendique en plus une méthode fondée sur l’expérimentation et la remise en question des modèles figés.
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Pour elle, réinventer l’entrepreneuriat au féminin n’a rien d’un slogan de circonstance. Cela suppose de savoir mobiliser des ressources variées, de valoriser chaque étape du développement de l’entreprise, de rechercher la performance sans renoncer à la créativité. Dans ses choix, Annabel Fam s’inscrit dans la lignée de dirigeantes qui bougent les lignes et mettent la société en mouvement. À Paris et partout en France, le paysage entrepreneurial féminin s’enrichit d’initiatives qui recomposent les rôles et redistribuent les places.
Quels défis spécifiques pour les femmes entrepreneures aujourd’hui ?
Sur tous les continents, la réalité de l’entrepreneuriat féminin se mesure à l’aune des chiffres. Une entreprise sur trois dans le monde appartient à une femme. En Afrique subsaharienne, la majorité des travailleurs indépendants sont des femmes. Mais ces statistiques cachent une autre vérité : partout, des obstacles demeurent. Qu’ils prennent la forme de freins juridiques, accès restreint au crédit, lois contraignantes, ou de barrières sociales, normes culturelles, faible reconnaissance des compétences,, la progression reste entravée.
Diriger une entreprise en tant que femme, c’est composer avec des parcours qui ne se ressemblent pas. L’accès à la gestion financière, au capital ou à l’accompagnement diffère encore nettement selon le genre. Le Prix Awa, appuyé par la Coopération belge au développement et la Société belge d’investissement pour les pays en développement (BIO), s’attaque à cette réalité. En Belgique, il propose aux entrepreneures du coaching professionnel, du networking et des ouvertures vers de nouveaux marchés. La dernière édition a réuni 80 entrepreneures, venues de seize pays, du Maroc au Bénin, du Rwanda à la Palestine.
Voici trois freins et leviers qui surgissent systématiquement dans les témoignages :
- Accès au financement : une difficulté structurelle persistante.
- Visibilité sur les réseaux sociaux : un outil pour contourner certains blocages institutionnels.
- Réinvestissement des revenus : près de 90 % des gains gagnés par les femmes sont réinjectés dans la famille et la communauté, créant un effet d’entraînement.
Soutenir des dispositifs tels que le Prix Awa répond à l’urgence de multiplier les ponts et de donner de la visibilité aux histoires de vie portées par ces entrepreneures. L’éventail des pays, de la Belgique à Mauritius, nourrit une dynamique collective où la diversité devient moteur.
Réinventer les modèles économiques : l’approche novatrice d’Annabel Fam
La stratégie d’Annabel Fam ne relève ni du hasard ni de l’imitation. Elle privilégie la méthode test & learn : expérimenter, observer, ajuster. Cette agilité, désormais incontournable dans un univers mouvant, façonne son entreprise spécialisée dans le marketing digital et la gestion des actifs numériques. Annabel Fam mise sur la transparence interne comme levier pour fédérer les équipes et favoriser la montée en compétences.
Elle associe l’intelligence artificielle à une analyse fine des données pour ouvrir de nouveaux terrains d’expérimentation. Mais pour elle, l’innovation ne se réduit pas à la technologie. Elle irrigue l’ensemble de l’organisation, impose une culture de la prise de risque maîtrisée, du partage et du dialogue. Le team building s’affirme alors comme un levier stratégique, loin d’un simple accessoire managérial. Motiver, connecter, responsabiliser : là réside la clé.
Trois axes structurent cette approche :
- Méthode test & learn : souplesse et réactivité dans l’exécution.
- Gestion des actifs numériques : mise en valeur du capital immatériel.
- Transparence interne : socle d’un engagement collectif durable.
L’échange d’expériences entre entrepreneures, encouragé par Annabel Fam, s’impose comme un accélérateur de croissance. Partager les échecs, documenter les succès, mutualiser les ressources : ce mouvement collectif, appuyé par des réseaux émergents à Mauritius et au-delà, transforme la donne. Les frontières entre expertise technique et vision entrepreneuriale s’estompent. L’entreprise évolue dans une dynamique d’apprentissage continu, à l’écoute aussi bien des signaux du marché que des attentes de ses collaborateurs.
Perspectives et enjeux pour l’avenir de l’entrepreneuriat féminin en France
Aujourd’hui, la diversité des parcours s’impose comme la réalité dominante. L’ouvrage collectif Parcours de femmes entrepreneures en France, coordonné par Typhaine Lebègue, Stéphanie Chasserio et Sophie Gay Anger, dévoile la richesse des initiatives, des stratégies et des expériences. D’une ville à l’autre, les trajectoires se croisent, composant une mosaïque de profils et de motivations. La recherche universitaire, portée notamment par l’IAE de l’université de Tours et la SKEMA Business School, éclaire aujourd’hui la question des rôles modèles féminins, longtemps tenus à l’écart des radars économiques.
Le réseau devient un pilier. Plus que jamais, la capacité à tisser des liens, mentorat, partage de ressources, synergies sectorielles, conditionne la croissance des entreprises dirigées par des femmes. Le programme La Ligne Droite, porté par She’s Mercedes France, en offre une illustration concrète : Julia Bijaoui y a accompagné Noélie Balez, ouvrant la voie à une dynamique de solidarité et d’émulation collective.
Deux tendances fortes émergent de ces initiatives :
- Valorisation du capital immatériel : la visibilité, la transmission du savoir et la reconnaissance institutionnelle progressent.
- Renforcement des soutiens : comités scientifiques, associations et réseaux professionnels structurent un écosystème en pleine mutation.
La France se trouve à un moment charnière. Les difficultés persistent, accès au financement, reconnaissance sociale,, mais le mouvement s’accélère. De nouveaux modèles voient le jour, portés par des collectifs engagés, des chercheuses comme Typhaine Lebègue et Stéphanie Chasserio, et des dirigeantes déterminées à transmettre. L’avenir de l’entrepreneuriat féminin se dessine dans les interstices du récit dominant, porté par la force tranquille de celles qui avancent.