
Le taux de vacance des postes dans l’assainissement urbain atteint des records, alors que la rémunération dépasse parfois celle de certaines professions tertiaires. Les offres persistent, les candidats manquent, malgré des salaires souvent supérieurs au SMIC et des contrats stables.
Dans le secteur du transport routier, la pénurie de conducteurs s’aggrave chaque année, alors que les grilles de rémunération affichent des hausses régulières. Les employeurs accumulent les incitations financières, sans parvenir à attirer durablement de nouveaux profils.
Plan de l'article
- Pourquoi certains métiers restent boudés malgré des salaires attractifs ?
- Métiers bien payés mais peu populaires : tour d’horizon des professions qui peinent à recruter
- Salaires, conditions de travail et perspectives : le vrai visage de ces emplois méconnus
- Oser franchir le pas : comment accéder à ces métiers et y trouver sa place ?
Pourquoi certains métiers restent boudés malgré des salaires attractifs ?
Les données sont implacables : cordiste, ouvrier sur plateforme pétrolière ou soudeur industriel perçoivent parfois deux à trois fois le SMIC. Pourtant, ils figurent immanquablement parmi les métiers à éviter dans les études de Pôle emploi. Le salaire, même élevé, ne suffit pas à changer la donne. Plusieurs raisons expliquent ce rejet.
Pour une grande partie des candidats, c’est la condition physique qui bloque. Les emplois nécessitant une endurance réelle, tels qu’éboueur, égoutier ou opérateur en abattoir, rebutent par leur dureté. Les contraintes s’accumulent : horaires atypiques, travail sous la pluie ou le froid, nuisances sonores et environnement parfois insalubre. Dans les faits, le quotidien du poste prend le dessus sur la fiche de paie.
À cela s’ajoute un manque d’attrait social qui pèse lourd. Éboueur souffre d’une image dévalorisée, contrôleur RATP collectionne les critiques, policier ou gendarme subissent des préjugés durables. Les métiers liés à la mort, comme thanatopracteur ou agent funéraire, restent frappés par de nombreux tabous. Le regard des autres s’invite aussi face à la profession d’avocat pénaliste, ou la défiance envers le métier de journaliste.
Voici les principaux freins qui reviennent systématiquement :
- Conditions de travail pénibles
- Faible reconnaissance sociale
- Exposition à des risques ou à l’isolement
En conséquence, la France fait face à des difficultés de recrutement dans ces secteurs. La liste des métiers que personne ne veut faire ne cesse de s’allonger, même lorsque les salaires dépassent ceux d’un poste de bureau. Le malaise traverse toutes les générations et met en lumière le besoin de redonner du sens et de la valeur à ces métiers longtemps délaissés.
Métiers bien payés mais peu populaires : tour d’horizon des professions qui peinent à recruter
Certains emplois affichent des rémunérations supérieures à la moyenne nationale, mais peinent toujours à attirer. La liste des métiers en tension multiplie les cas surprenants. Prenez le métier de cordiste : 1 800 à 3 500 € net mensuels, mais les annonces restent sans réponse. Dans la soudure industrielle, les paies montent jusqu’à 4 000 € net, primes comprises, et pourtant les recruteurs patientent des mois.
Le travail sur plateforme pétrolière en dit long sur cette situation. Jusqu’à 5 000 € net chaque mois, mais l’isolement, la charge physique, la rotation d’équipes font reculer plus d’un candidat. Même chose chez les bouchers ou les conducteurs de poids lourd : salaires entre 1 500 et 3 000 €, mais les vocations se font rares.
Pour donner une idée concrète, voici une sélection de métiers où la pénurie de candidats s’installe malgré des revenus souvent attractifs :
- Éboueurs : 1 500 à 2 300 € net/mois
- Égoutiers : 1 800 à 2 500 € net/mois
- Nettoyeurs de scènes de crime : 30 000 €/an
- Thanatopracteurs : jusqu’à 2 700 € net/mois
Dans les métiers du funéraire, le manque d’attractivité frappe encore plus fort. Agent funéraire, thanatopracteur : même avec des salaires corrects, le poids des tabous freine les candidatures. Le médecin légiste, qui peut percevoir entre 3 200 et 10 000 € brut mensuels, ne suscite pas plus d’engouement. Les besoins grandissent, les postes s’accumulent, mais les candidats se font attendre.
Salaires, conditions de travail et perspectives : le vrai visage de ces emplois méconnus
Les métiers relégués au bas de la pile par la société séduisent peu, même quand la paie sort du lot. La résistance physique reste la première marche à franchir. Éboueurs et égoutiers affrontent intempéries, odeurs persistantes, horaires décalés et risques sanitaires. Les cordistes, perchés à plusieurs dizaines de mètres du sol, doivent gérer vertige, météo imprévisible et isolement.
Le quotidien d’un soudeur industriel s’organise autour du bruit et de la chaleur. Sur une plateforme pétrolière, les ouvriers vivent coupés du monde, enchaînant des rotations fatigantes. Conducteur de poids lourd, c’est avaler les kilomètres, seul, avec des horaires extensibles qui brouillent la notion de jour et de nuit.
Certains métiers s’accompagnent d’une réelle pression psychologique. Nettoyeurs de scènes de crime, personnels funéraires ou travailleurs en abattoir affrontent l’insoutenable, si bien que les départs se succèdent. Les bouchers commencent avant l’aube, entre les murs des chambres froides. Agents funéraires et thanatopracteurs font preuve de sang-froid face à la mort, pour un salaire qui peine à dépasser les 2 800 € net mensuels.
Les perspectives d’évolution restent modestes : progression lente, reconnaissance sociale limitée. Le besoin de main-d’œuvre ne faiblit pas, non pas à cause de la paie ou du nombre de postes, mais parce que ces métiers réclament des ressources humaines qui vont bien au-delà des compétences techniques.
Oser franchir le pas : comment accéder à ces métiers et y trouver sa place ?
Les parcours pour rejoindre ces métiers à éviter varient d’un secteur à l’autre. Certains, comme éboueur ou égoutier, sont accessibles sans diplôme spécifique : une bonne condition physique ouvre déjà la porte, même si un CAP propreté urbaine ou canalisation accélère parfois l’embauche. Devenir cordiste implique l’obtention d’un certificat de qualification professionnelle (CQP Cordiste), mais la filière accueille aussi des profils venus du bâtiment ou de la peinture.
Le soudeur industriel s’appuie sur un CAP soudure ou un titre reconnu, parfois complété par des spécialisations comme le soudage TIG ou MIG. La reconversion est courante : le savoir-faire manuel prime souvent sur le diplôme. Pour accéder au métier de conducteur de poids lourd, il faut décrocher le permis C ou CE, puis la FIMO (formation initiale minimale obligatoire). La filière recherche activement de nouveaux conducteurs.
Pour la thanatopraxie, le parcours est balisé : diplôme national, stage et habilitation préfectorale sont nécessaires. L’agent funéraire suit une formation d’une soixantaine d’heures, avec des opportunités de reconversion pour les profils expérimentés. Le dératiseur valide le Certibiocide en quelques jours, sans condition d’âge ni de diplôme.
Petit panorama des accès selon les métiers :
- Éboueur : aucun diplôme requis, CAP propreté urbaine en option
- Cordiste : CQP Cordiste après un métier du bâtiment
- Soudeur industriel : CAP ou titre professionnel
- Conducteur poids lourd : permis C/CE, FIMO
- Thanatopracteur : diplôme national, habilitation
Entrer dans ces univers, c’est accepter une vérité : la maîtrise technique n’est qu’une partie de l’équation. La capacité à encaisser les difficultés du quotidien, à dépasser le regard des autres et à se confronter à l’inconfort, voilà ce qui fait la différence. La reconnaissance publique se fait rare, mais la demande, elle, ne cesse de croître. Il reste à savoir qui osera s’y frotter demain.



























